A PROPOS
Issu d’une famille d’artistes où l’ouverture d’esprit est bien plus importante que les diplômes, à 10 ans mon père me laissait faire mes devoirs seul dans ma chambre (plutôt que sur la table de la salle à manger) en regardant Pulp Fiction. De toutes façons, elle était bien trop encombrée d’instruments de musique et de cendriers débordants de mégots froids (mais parfois tièdes et encore fumants) de Gitane sans filtre.
Ma mère de son côté, m’a toujours appris que ma propre liberté de penser et d’agir était l’une des choses les plus importantes qui soit. Et que les règles de la vie, mais aussi les autres, étaient faites pour être innocemment franchies. Et qu’il était toujours plus sympa de s’émerveiller de tout (même du banal) plutôt que de s’embêter d’un rien.
Le ton était donné.
N’attendez pas la touchante histoire du petit-fils et de son grand-père qui agrandissaient des films sous la lumière rouge d’une salle de bain transformée en labo artisanal dont le lavabo était tâché de révélateur trop concentré. Car la photographie est arrivée bien plus tard.
Simplement sur un “Ah tiens pourquoi pas ?”.
Très vite, mes références furent Stephen Shore, William Eggleston ou bien encore Martin Parr. Mon œil commença à se faire doucement à l’idée qu’il était préférable pour mon bien être de voir les choses différemment, que le sujet importait peu et que l’intention était privilégiée. Et surtout que l’essentiel se trouvait souvent à la porte d’à côté.
Dans mes séries de photos urbaines, inutile d’y chercher de l’agitation. Vous ne trouverez pas de bruits, le calme y régnera ; sans vacarme ; sans précipitation ; loin d’un monde pressant et pressé où l’humain y sera absent. Faire une pause, s’accorder un peu de temps sur le (non)essentiel, le banal et le commun et donner une place pour une normalité que nous ne voyons plus et donner à l’anecdotique le rôle principal.
Au delà de la photographie urbaine, une partie de mon travail est axé sur la photo d’autoportrait pouvant représenter des états d’esprit où chacun sera libre de s’y retrouver. Mais aussi dans des créations abstraites où un simple mot pourra être transposé dans une démarche plastique et photographique.
Une seule et même pellicule photo pouvant mettre des semaines à se finir, toutes mes photos seront faites en prenant le temps. Le temps de la réflexion, le temps de l’idée.