deambulation[s]
Chaque jour, nous sommes entourés d’images, comme pris dans un flot continu. Des paysages idylliques aux couleurs parfaites, des corps sculptés, des visages magnifiés. Ces images existent, bien sûr, mais elles ne reflètent pas ma réalité.
La mienne se trouve ailleurs, dans ce qui se tient juste devant moi : une rue voisine, un trottoir banal, une scène quotidienne qui passe souvent inaperçue. Une paire de chaussons abandonnés près d’une gouttière, des poubelles renversées, un chantier en cours… Autant de détails anecdotiques qui composent pourtant le tissu du réel.
C’est cette matière que je choisis de photographier.
Non pas l’exceptionnel, mais l’ordinaire. Non pas ce qui impressionne au premier regard, mais ce qui se laisse découvrir en y prêtant attention. Je préfère regarder l’extraordinaire tel qu’il est, sans l’appareil, et réserver ma photographie au banal, à ce qui nous entoure tous, chaque jour, et qu’on ne regarde plus. Mes images ne sont pas attachées à un lieu unique : elles peuvent naître dans ma rue comme dans une ville lointaine. Ce qui importe n’est pas la distance parcourue, mais la manière de regarder. Partout, des détails insignifiants en apparence deviennent des fragments essentiels de notre quotidien. Ces signes discrets, isolés par l’image, révèlent la trame invisible qui assemble et construit notre monde.
Mes photographies, brutes et sans artifices, instaurent volontairement le calme et donnent à l’anecdotique la première place, en révélant sa force et sa présence.
Mon travail propose ainsi une lecture différente de l’ordinaire, une manière de redonner du poids et du sens à ce qui paraît invisible.