A PROPOS
Issu d’une famille modeste d’artistes où l’ouverture d’esprit est bien plus importante que les diplômes, à 10 ans mon père me laissait faire mes devoirs seul dans ma chambre (plutôt que sur la table de la salle à manger) tout en regardant les films de Quentin Tarantino ou encore Martin Scorsese. De toutes façons, elle était bien trop encombrée d’instruments de musique et de cendriers débordants de mégots froids (mais parfois tièdes et encore fumants) de Gitane sans filtre.
Ma mère, de son côté, m’a toujours appris que ma propre liberté de penser et d’agir était l’une des choses les plus importantes qui soit. Que les règles de la vie, mais aussi les autres, étaient faites pour être innocemment franchies. Et qu’il était toujours plus agréable de s’émerveiller de tout (même du banal) plutôt que de s’embêter d’un rien.
Le ton était donné.
N’attendez pas la touchante histoire du petit-fils et de son grand-père qui agrandissaient des films sous la lumière rouge d’une salle de bain transformée en labo artisanal dont le lavabo était tâché de révélateur trop concentré. Car la photographie est arrivée bien plus tard, simplement sur un : « Tiens, pourquoi pas ? ».
Très vite, mes références furent Stephen Shore, William Eggleston, Martin Parr et, plus récemment, Platon ou Martin Schoeller. Mon œil commença à se faire doucement à l’idée qu’il était préférable, pour mon bien-être, de voir les choses différemment, que le sujet importait peu et que l’intention était privilégiée. Et surtout, que l’essentiel se trouvait souvent à la porte d’à côté.
Une seule et même pellicule photo pouvant mettre des semaines à se finir, toutes mes images sont faites en prenant le temps. Le temps de la réflexion, le temps d’une idée ou d’une envie.
contemporain
